Carcela va jouer son 200e match pour le Standard: "Mon meilleur souvenir restera ce test-match pour le titre contre Anderlecht"
Mehdi Carcela s’apprête à passer un cap important dans son parcours au Standard.
- Publié le 13-12-2018 à 07h08
- Mis à jour le 13-12-2018 à 10h43
Mehdi Carcela s’apprête à passer un cap important dans son parcours au Standard. "Ah oui ? Je ne savais pas…" Mehdi Carcela n’était pas au courant que sa titularisation à Akhisar serait un moment important de sa carrière et cette réaction n’est pas vraiment une surprise pour un joueur qui, tout au long de son parcours, a donné davantage d’importance à l’amusement qu’au décompte de ses statistiques personnelles. Comme si le football était resté un jeu entre amis dans un quartier de la cité, plutôt qu’un réel métier.
À 29 ans, l’international marocain s’apprête quand même à entrer un peu plus dans l’histoire du club. Car, en deux cents apparitions, il a tout connu, entre les joies d’un titre national et deux Coupes de Belgique, mais aussi les instants tragiques, comme ce coup de pied reçu en plein visage lors du match décisif pour la première place à Genk.
Un parcours à l’image du Standard, capable, à la fois, de tutoyer les sommets et d’imposer une certaine domination, tout en connaissant, parfois, de gros moments creux. "Je ne me souviens pas de tous mes matchs avec le Standard. J’ai déjà du mal à me rappeler du dernier" , rigole-t-il. "Mais le premier, je peux quand même dire que c’était contre Courtrai avec Monsieur Bölöni comme entraîneur (13 septembre 2008) . Mon meilleur souvenir, cela restera quand même ce test-match pour le titre contre Anderlecht. Lors de la première manche, j’avais donné un assist à Dieumerci Mbokani sur notre seul but de la rencontre. De toute façon, Laszlo Bölöni voulait que je sois décisif. Je n’avais pas le choix."
C’était il y a un peu plus de dix ans. Au total, il a planté trente-quatre buts et délivre trente-sept assists, devenant, au fil de ses apparitions, un élément clé du onze de base et, surtout, l’un des chouchous du public, toujours friand de ce type d’élément capable d’assurer le spectacle, mais aussi de montrer un certain caractère lorsqu’il est poussé dans ses retranchements. "Je suis né à Liège et je pense que je ferai toujours partie de la famille. Vous savez, j’ai pratiquement passé toute ma vie au Standard", dit-il.
Pourtant , son talent n’aurait pas dû lui permettre de passer autant d’années en bord de Meuse. Tous ceux qui l’ont côtoyé en étaient certains : ce petit bonhomme était programmé pour atterrir dans une bonne formation continentale. Mais des choix de carrière pas toujours heureux, du moins sur le plan sportif, et, bien entendu, son accident avec Chris Mavinga ont quelque peu bousculé les plans initiaux. "Vous savez, je ne programme jamais rien dans la vie et encore moins dans le football. Moi, je joue simplement au football et tout ce qu’il me faut, c’est toucher le ballon."
Justement, il va devoir en toucher un maximum s’il veut que sa 200e ne reste pas un mauvais souvenir. Akhisar promet d’imposer un défi physique au Standard et le rôle de Mehdi Carcela sera prépondérant, lui qui est capable de casser tout un bloc d’une inspiration géniale. Il l’a souvent montré lors des six derniers mois de la défunte campagne avec un niveau de jeu exceptionnel, mais moins depuis le début de l’été. "C’est vrai que j’étais meilleur la saison dernière. Cette fois, nous jouons la Coupe d’Europe et j’ai l’impression qu’on vit à 400 à l’heure depuis cinq ou six mois. Après un match européen, on est un peu plus fatigué et c’est donc plus difficile d’être bon tous les trois jours alors qu’avant, on avait souvent une semaine pour retrouver la forme entre deux rencontres", explique celui qui a quand même eu l’avantage de ne pas jouer à Saint-Trond, samedi dernier, pour cause de suspension.
"Cela m’a fait du bien… mais le ballon m’a rapidement manqué quand même. Parfois, j’avais du mal à récupérer, surtout après un match européen, mais ce week-end m’a permis de récupérer avec des soins et des courses avec les kinés."
Un Mehdi Carcela tout frais donc pour son anniversaire. En espérant qu’il n’avale pas ses bougies de travers au coup de sifflet final…
"On joue comme on s'entraîne... sauf Mehdi"
Lors de ses trois premières années, Mehdi Carcela connaît pratiquement tout ce qu’il est possible de connaître. Les joies du titre, la tristesse des playoffs 2, mais aussi un dernier sprint final fantastique qui l’a vu manquer le sacre pour un demi-point. Bref, tout ce qu’il faut pour qu’un jeune joueur prenne rapidement de la bouteille et devienne un homme. "C’était quand même encore un grand gamin" , rigole Luigi Pieroni, qui l’a connu à cette époque. "Il avait un problème avec les montres et il ne savait pas ce qu’était un rendez-vous. J’espère que s’il se marie un jour, il arrivera à l’heure (rire) . Mais c’était un mec super agréable à vivre. On ne l’entendait jamais dire une méchanceté et il blaguait tout le temps."
Ce caractère détaché ne l’a jamais quitté. C’est certainement ce qui a fait sa force… et a freiné sa progression. "S’il avait toujours été professionnel et s’il avait davantage vécu comme un professionnel, il aurait atteint le tout haut niveau. On dit souvent qu’on joue comme on s’entraîne, mais ce n’était pas valable pour Mehdi. Moi, je devais suer tous les jours pour être en forme le week-end. Pas lui. Mais malgré tout cela, il a quand même joué 200 matchs au Standard et réalisé un bon parcours. Cela démontre bien toute l’étendue de son talent."
Lors de ses premières années, Mehdi Carcela a immédiatement prouvé que ses qualités lui permettraient d’évoluer un étage plus haut. Lors des fameux playoffs 1 de la saison 2010-2011, il n’avait rien à envier à son pote Axel Witsel, par exemple. "C’était un talent pur. Il avait une qualité technique incroyable et il faisait des choses exceptionnelles avec le ballon. Il avait cette capacité à faire la différence quand il le souhaitait, sans jamais se prendre la tête. À l’époque, il n’avait pas encore la même maturité dans le jeu qu’aujourd’hui. Il ne voyait pas tout le temps les solutions qui se présentaient à lui et son match était réussi s’il avait mis deux petits ponts et fait un crochet. Maintenant, il a grandi et c’est logique avec les années qui passent."
"Tout le monde a fait des tours de terrain... à cause de lui"
Roland Duchâtelet s’offre Mehdi Carcela lors du dernier jour du mercato estival, bien décidé à frapper un grand coup auprès des supporters. Mais l’international marocain ne peut pas vraiment retrouver son meilleur au cours de ces deux nouvelles saisons, trop souvent handicapé par des blessures qui l’empêchent d’aligner les rencontres. "C’est quelqu’un qui peut faire la différence sur un terrain et il n’y en a pas beaucoup qui ont le même profil en Belgique" , soutient Ivan Vukomanovic. "Il a toujours été chez lui au Standard et c’est le chouchou du public. Il a besoin de se sentir aimé. Malheureusement, ça ne fonctionne pas comme cela à l’étranger, où il faut en faire deux ou trois fois plus que les joueurs locaux. Mais lui, il rigole et s’éclate."
Malgré son expérience , Mehdi Carcela est un joueur atypique et cette insouciance lui offre parfois quelques retards à l’entraînement. "C’est une personne très agréable… et c’est bien pour cela qu’il n’est pas tout le temps évident de le cadrer" , se souvient José Riga. "Il ne faut pas tout lui autoriser car il y a des règles et un rappel à l’ordre peut être nécessaire. Mais il ne cherche pas ces situations, c’est simplement dans son tempérament."
Ivan Vukomanovic avait même trouvé un stratagème pour lui apprendre à mieux régler sa montre. "Il était arrivé en retard au petit-déjeuner lors d’un stage hivernal. À cause de lui, tout le monde avait été puni… sauf lui. Il s’était assis sur la pelouse et avait dû regarder ses équipiers faire des tours de terrain supplémentaires. Par la suite, cela ne lui est plus jamais arrivé" , sourit le coach serbe. "Mais je n’ai jamais eu de problème avec lui. C’est quelqu’un de bien et tous les entraîneurs aimeraient avoir un joueur comme lui dans leur noyau."